Un reportage, diffusé au JT de France 2, a suivi le camp Optimum de fin mars 2017. Interview et décryptage de l’un des organisateurs.
Que pensez-vous de ce reportage ?
C’était une gageure de faire une présentation de ce camp en si peu de temps. Le résultat est intéressant, même s’il me laisse un peu sur ma faim. Le format de ce reportage (5’20’’) implique nécessairement des coupes et une sélection des contenus au montage. Ces choix, bien entendu, ne sont pas neutres : l’équipe éditoriale de France 2 est partie d’un angle précis en cherchant à répondre à la question : pourquoi ces camps pour hommes ? quel est leur objectif ? qu’est-ce qu’on y propose ?
De fait, ce reportage n’y répond pas vraiment. Pour autant, il n’est ni malveillant ni malhonnête. Je peux d’autant mieux l’affirmer que j’ai suivi l’équipe de France 2 tout au long du tournage.
Ce format court génère forcément de la frustration chez les participants qui, ayant vécu le camp dans son intégralité et de l’intérieur, peuvent trouver ce reportage réducteur. Par exemple, le passage où je parle représente quelques phrases sur plus de 10 heures d’enseignements donnés au cours du week-end. Cela donne donc un aperçu très réduit dont on ne peut véritablement tirer de conclusion. Ceux qui connaissent les camps Optimum risquent de ne pas se retrouver dans ce qui est présenté. Il y a aussi quelques imprécisions. Par exemple, les participants sont tous considérés comme de « fervents catholiques » ; or 10 % sont non croyants ou non pratiquants.
L’image générale créée par l’enchainement des citations peut laisser penser que notre vision des relations homme-femme est rétrograde. Ceux qui ne connaissent pas ce que nous proposons peuvent légitimement s’interroger. Pour cela, il est utile de lire sur notre site la vision qui nous anime. Certains commentaires sur Twitter ou Facebook sont très, très loin de la réalité que nous avons vécue. C’est d’ailleurs pour cela que leurs auteurs n’ont pas compris le traitement de France 2, qu’ils trouvent trop complaisant. En fait, ils ont projeté sur nous une image qui ne correspond ni à ce que nous sommes, ni à ce que nous proposons.
Y a-t-il une crise de la masculinité aujourd’hui ?
N’est-ce pas un peu simpliste de dire que les hommes sont forts et que les femmes sont tendres ?
Tout dépend de la manière dont on présente les choses. Si l’on essentialise les différences qu’il y a dans la manière qu’ont les hommes et les femmes d’être au monde, on appauvrit, on fige et finalement on caricature le masculin et le féminin. Si l’on hiérarchise ces différences, on verse dans une vision inégalitaire, et c’est encore pire.
Pour reprendre la distinction que vous évoquez dans votre question, il est évident que l’homme n’a pas le monopole de la force, ni la femme celui de la tendresse. Affirmer le contraire serait ridicule. Un homme peut (et doit) être tendre, une femme peut (et doit) être forte. Ces vertus, comme toutes les autres, sont avant tout des vertus humaines.
Cela dit, on constate qu’elles sont genrées différemment, c’est-à-dire qu’elles ne s’expriment pas exactement de la même manière au masculin et au féminin, d’une part, et qu’elles n’occupent pas la même position dans l’échelle des valeurs masculines et féminines, d’autre part.
Le reportage parle d’une vision « plutôt traditionnelle » des relations hommes-femmes. Qu’en dites-vous ?
Oui, c’est une vision ancrée dans la tradition de l’Église et la sagesse humaine. Les hommes et les femmes sont égaux, différents et complémentaires. Cependant, le mot « traditionnel » est souvent compris dans un sens péjoratif, c’est-à-dire rétrograde. Le reportage cite quelques secondes d’une conférence d’une heure et quart au cours de laquelle un certain nombre de points communs et de différences entre hommes et femmes sont abordées, dans des domaines aussi divers que la génétique, l’anatomie, la physiologie, la psychologie, l’anthropologie et l’exégèse. La citation sur l’épaisseur de la peau est anecdotique dans notre propos global, et largement secondaire par rapport à des différences structurantes. Certains médias, extrapolant le reportage de France 2, ont accusé le camp Optimum de promouvoir un modèle androcentrique, patriarcal et misogyne qui voudrait que l’homme travaille à l’extérieur et que la femme reste au foyer. Pour eux, ces stéréotypes de genre visent à légitimer, en la naturalisant, la domination masculine.
Telle n’est absolument pas notre vision des choses.
– Nous affirmons l’absolue égalité en dignité et en valeur des hommes et des femmes ;
– Nous présentons les différences entre hommes et femmes parce qu’elles font partie de la réalité, sont un don de Dieu à l’humanité et disent quelque chose du génie masculin et du génie féminin, mais nous n’absolutisons pas ces différences ;
– Nous affirmons non seulement qu’il est juste et bon que les femmes aient une activité professionnelle, sociale et politique, mais encore que cela est indispensable au bien de la société toute entière.
Pourquoi avez-vous lancé les camps Optimum ?
En janvier 2012, nous avons vécu à 11 hommes une retraite sur la vocation masculine qui nous a beaucoup marqués. Elle nous a aidés à mieux comprendre le sens de notre mission sociale, familiale et ecclésiale en tant qu’hommes. Nous avons réfléchi et médité sur ce qu’est la virilité chrétienne authentique, non pas idole dominatrice mais servante libératrice, à l’exemple de Jésus. Ce tout premier camp nous a poussés à changer concrètement telle manière de penser ou d’agir, telle mauvaise habitude prise, pour devenir, avec l’aide de Dieu, des hommes meilleurs, mieux ajustés à la mission de service que Dieu nous confie pour le bien de nos femmes, de nos enfants, de la société et de l’Église.
Constatant l’impact positif de ce premier camp dans notre vie, nous avons souhaité faire partager la même expérience à d’autres hommes.
Pourquoi appelez-vous cela un camp ?
Le camp Optimum est une retraite, c’est-à-dire un temps passé à l’écart pour rencontrer Dieu, faire le point sur sa vie et transformer sa manière de vivre. Néanmoins, nous n’avons pas voulu utiliser le mot de retraite parce que l’expérience que nous proposons aux hommes ne consiste pas à passer trois jours de prière et de silence dans un monastère.
Il ne s’agit pas non plus à proprement parler d’un « stage », comme le présente France 2, même si la dimension d’apprentissage en est un ingrédient important.
Comme nous l’expliquons dans la FAQ sur notre site, nous avons choisi d’utiliser le mot de « camp » car ces trois jours à l’écart ressemblent au temps que les alpinistes passent dans leur camp de base, à refaire leurs forces avant de poursuivre leur ascension jusqu’au sommet.
Quels sont les fruits de ces camps ?
Pour les estimer, nous envoyons aux participants deux questionnaires, l’un très détaillé quinze jours après le camp, l’autre plus court 3 ou 4 mois après. Le second questionnaire vise à évaluer les changements concrets que les hommes ont mis en place dans leur vie suite au camp.
De nombreux participants témoignent qu’ils prennent plus de temps avec leur compagne, qu’ils investissent davantage leur mission de père, qu’ils ont mis en place un temps de prière quotidien, qu’ils ont commencé une thérapie pour soigner telle blessure ou se libérer de telle dépendance, qu’ils ont fait un choix de réorientation professionnelle qu’ils ne parvenaient pas à faire, etc.
Tous ces changements montrent que le camp Optimum n’est pas seulement un lieu de formation, mais de transformation, avec l’aide de Dieu. C’est le sens de notre devise : « Rendre les hommes meilleurs. »