Une place à tenir
Auprès de tous ceux qui nous entourent, famille, amis et contemporains, nous sommes appelés à vivre une masculinité exhaussée au service de leur bonheur.
Vulnérabilité et vénérabilité
Dans une conférence sur le transhumanisme, Fabrice Hadjadj constatait que pour notre société moderne, les jeunes sont vénérables et les vieux sont vulnérables. Donc les jeunes doivent s’occuper des vieux. Aberrante inversion ! On a inversé ce qu’étaient traditionnellement la vulnérabilité et la vénérabilité.
Plus on avance en âge, plus on devient vénérable. Car l’expérience de la vie, fût-elle remplie de succès ou d’échecs, de chutes ou d’accomplissements (du bien), nous façonne, et par une impénétrable Providence nous conduit et nous prépare au face à face avec Notre Créateur. Rudyard Kipling l’avait bien compris qui proposait à son fils un chemin pour devenir homme que seule l’expérience de la vie pouvait lui faire parcourir.
La conséquence de cette inversion, c’est que la transmission n’est plus possible. L’adolescent devient le chef de famille.
Une histoire de prince charmant
« Chéri, tu ne me fais pas rêver ! » Combien de femmes n’osent pas s’exprimer ainsi devant leur homme ? Et basculent dans les aventures extraconjugales ! Dans un récent forum TEDx à Paris, Thérèse Hargot partage les confidences faites par ces femmes dans le secret de son cabinet de sexologue. Sans renier les apports positifs du féminisme qui a permis aux femmes d’être « actrices de leur propre vie », elle en déplore les effets collatéraux. Et regrette la ringardisation des « preux chevaliers » et des « princes charmants », qui bravaient tous les dangers pour occire le dragon, qui avaient leur place dans la société, qui « étaient courageux, aventuriers… et qui certainement avaient des abdos sublimes », et qui, surtout, connaissaient l’art et la manière d’éveiller leur princesse au désir par un baiser délicat et passionné ! « On n’a jamais vu jusqu’à présent dans l’espèce humaine des femmes être émoustillées par des hommes qui sont pères aux foyers. Ça ne marche pas comme cela ! »
Violences dans les banlieues
Trop régulièrement, l’actualité se fait l’écho de violences commises par des jeunes dans les banlieues, et désormais dans les lycées et les collèges. A y regarder de plus près, il est facile de constater que cette violence concerne essentiellement des garçons, et des garçons jeunes. On invoque la société, les inégalités, le chômage, tous facteurs qui concourent indéniablement à aggraver des situations humaines délicates, sinon révoltantes, pour ceux qui les subissent. Mais une question ne remonte jamais à la surface : où sont les pères ? Pour ces jeunes, le père, la figure paternelle, est le grand absent d’une équation déjà complexe, et peut-être justement insoluble tant que cette absence initiale persiste. Personne pour rappeler et faire prendre conscience que sans un père ou une figure de père, ces garçons ne seront peut-être jamais initiés à leur virilité, que jamais ils n’apprivoiseront la force masculine qui les habite, pour la canaliser et la mettre au service d’une cause qui les dépasse, d’une femme qu’ils aimeront et d’un bien commun à faire grandir.
Face à un constat qui peut paraître sombre, où situons-nous notre Espérance ?
Rappelons que, dans l’anthropologie chrétienne, l’homme est blessé depuis la faute originelle. Depuis qu’Adam a laissé Eve deviser avec le serpent, la liberté du vir est grevée d’une passivité maladive.
Mais il existe pourtant un homme parfait : le Christ. Et cet homme est toujours vivant. Sa liberté est totale et Il veut pour nous la même liberté. Contemplons-le, interrogeons-le, observons-le par un regard intérieur, en lisant l’Evangile, pour découvrir cette perfection et modeler nos attitudes en toute circonstance sur la sienne. Lui seul, à travers l’Esprit Saint, peut nous enseigner cette perfection à laquelle nous sommes destinés, et Lui seul, par Sa Croix, peut nous sauver des entraves qui nous empêchent de l’atteindre.
Cette perfection passe par l’assurance que nous devons acquérir et offrir, à nos proches d’abord, mais aussi à nos contemporains auprès desquels nous vivons quotidiennement, dans notre quartier, dans notre ville ou village, au travail. Si nous, hommes, n’occupons pas auprès d’eux notre place, toute notre place, personne ne pourra l’occuper. Et tous, jeunes et vieux, femmes et enfants, en subiront les conséquences malheureuses.
Sommes-nous prêts à relever le défi ?
Baudoin